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Témoignage de Lili Leignel, déportée

mardi 10 mai 2022, par S. Joly

Vendredi 1er avril, le collège a eu l’honneur d’accueillir Lili leignel, déportée à l’âge de 11 ans. Elle a pu témoigner devant les élèves de 3e. Retour sur cette matinée.

Vendredi dernier, dans le cadre des cours d’Histoire sur la Seconde Guerre mondiale, les professeurs d’Histoire du collège Anne Frank avaient convié Madame Lili Leignel, née Keller-Rosenberg, déportée à l’âge de 11 ans,, parce que juive, dans les camps de concentration de Ravensbrück et de Bergen-Belsen (le camp où sont décédées Anne Frank et sa sœur Margot).

Originaire du Nord et âgée de 90 ans, Lili Leignel témoigne aujourd’hui partout en France devant des collégiens et des lycéens : « Je le ferai jusqu’à ma mort » nous confie-t-elle.

C’est avec simplicité et émotion que la témoin a raconté pendant près d’une heure trente debout face aux élèves l’atrocité des camps.

Le 27 octobre 1943 en pleine nuit à Roubaix dans le Nord-Pas-de-Calais où elle habite, la famille est arrêtée par la Feldgendarmerie. Séparés de son père, Lili, ses deux petits frères et sa mère sont conduits au camp d’internement de Malines en Belgique où sont rassemblés les Juifs arrêtés (comme à Drancy en France en banlieue parisienne).

Puis par wagons à bestiaux pendant un transfert de plusieurs jours, ils arrivent dans le camp de Ravensbrück. Après avoir été rasés, on leur attribue un matricule à coudre sur leur tenue de bagnard. Celui de Lili est le 25 612 : « un numéro à apprendre par cœur en allemand, rendez-vous compte les enfants… » explique-t-elle aux élèves attentifs de la salle.

Sa mère est envoyée aux travaux et les enfants doivent rester au camp, soumis à eux-mêmes, évitant les nazis et leurs chiens. « Encore aujourd’hui j’ai une peur folle des chiens, cela vient des camps » confie Lili Leignel à l’assemblée.
Dans sa baraque, la famille fait la connaissance d’autres françaises dont une certaine Geneviève de Gaulle, la nièce du Général, avec qui elle gardera des liens après-guerre.

Lili Leignel raconte ensuite la journée type dans les camps, les odeurs, la faim, la peur, les maladies dont la dysenterie et l’omniprésence de la mort…

En février 1945, des déportés sont choisis sur la place d’appel dont Lili, sa mère et ses deux frères. Ils sont alors transférés vers un autre camp : Bergen-Belsen, le camp de la mort lente… Dans ce camp en surnombre, le typhus fait rage. Anne Frank et sa sœur n’en survivent pas. Le 15 avril 1945, les troupes anglaises libèrent le camp.

Les trois enfants rentrent seuls jusqu’en France où ils sont accueillis à l’Hôtel Lutétia, le centre d’hébergement des déportés à Paris. Leur mère, trop affaiblie, rentrera plus tard par un autre convoi. Leur père ne survit pas à l’enfer du camp de Buchenwald.

Les trois enfants sont placés avant d’être récupérés par leur mère à son retour en France. Ils rentrent à Roubaix où leur maison a été pillée pendant la guerre.

A la fin du témoignage, Lili Leignel a chantonné des berceuses apprises dans les camps en hollandais et en polonais ce qui a marqué les élèves.

Puis, les élèves de 3e ont pu poser des questions à Lili Leignel. « Que pensez-vous de la guerre en Ukraine ? », « En fermant les yeux, quel souvenir de déportation vous revient de suite en tête ? », « Etes-vous fière qu’un collège porte votre nom dans le Nord ? », « En voulez-vous aux Allemands ? »….

Pour finir, un groupe d’élèves avait préparé une surprise à l’ancienne déportée en interprétant avec Mme Moninot, professeure d’Education musicale, la chanson de Jean Ferrat « Nuit et Brouillard ». « Je ne suis pas prête de vous oublier les enfants, vous m’avez fait un beau cadeau qui restera gravé en moi, merci. Vous êtes maintenant mes messagers, je compte sur vous ! » a conclu émue la déportée.

« Ce moment de partage et d’échanges restera dans les esprits des élèves pour longtemps. Cela leur permet de mieux comprendre l’atrocité de la guerre, une guerre que leurs grands-parents ou arrières grands-parents ont connu. Le collège Anne Frank porte de belles valeurs et ce témoignage d’aujourd’hui permet de travailler sur l’importance du travail de mémoire que nous mettons en place dans l’établissement depuis de nombreuses années » explique M. Joly, professeur d’Histoire.

Pour voir des photos de la matinée :

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